Gary Cooper entouré de sa mère Alice, son frère Arthur et son père Charles |
1901-1934 : Un cow-boy du Montana
> Origines
Les ancêtres de Gary Cooper n'étaient pas américains mais britanniques. Au début des années 1890, son oncle, Walter Cooper, émigra aux Etats-Unis, probablement attiré par les récits et histoires qu'il entendait à propos de l'Ouest sauvage, des cow-boys et des indiens. Il s'installa à Last Chance Gulch, qui devint Helena, la capitale du Montana, et travailla pour une compagnie de chemins de fer. Son petit frère, Charles, vint le rejoindre quelques années plus tard, rentra également au service de la compagnie et travailla en parallèle dans une boulangerie, avant d'entamer des études de droit.
En 1894, Charles rencontra Alice Brazier, elle aussi venue récemment d'Angleterre pour commencer une nouvelle vie aux États-Unis, et l'épousa. Leur premier fils, Arthur, naquit l'année suivante, et Frank James le 7 mai 1901.
> Enfance
Arthur et Frank grandirent dans la onzième rue, à Helena, dans une confortable maison à deux étages, passant beaucoup de leur temps libre à battre la campagne. Charles Cooper devint un juriste réputé, et décida d'envoyer ses enfants passer quelques années en Angleterre, avec l'accord de leur mère, pour parfaire leur éducation. Hébergés chez Mr et Mme Barton, ils intégrèrent pour trois ans la Grammar School de Dunstable. Gary Cooper affirma plus tard ne pas avoir de bons souvenirs de cette période où il regrettait le Montana, même si Dorothy Barton, la fille de son logeur en Angleterre, se souvint dans les années 1980 d'un garçon très gai qui ne semblait pas du tout malheureux.
Charles Cooper acheta un ranch à 70 kilomètres de Helena, le domaine Seven Bar Ranch, à Sunnyside, et engagea peu à peu du personnel pour l'entretenir et le développer. Arthur et Frank, à leur retour d'Angleterre, s'y installèrent également pour y travailler. Le jeune Frank abandonna même l'école temporairement en 1917, quand son frère s'engagea pour aller combattre en Europe, et s'occupa du ranch avec sa mère.
Il se prit de passion pour le dessin en voyant les fresques de Charles Russell sur les murs du Capitole de Helena, et s'y consacra sérieusement à son retour au collège. Il en fut pourtant renvoyé pour indiscipline et fut admis à celui de Gallatin, pour terminer la première partie de ses études.
Adolescent, il fut victime d'un accident de voiture, avec un camarade d'école, et resta de longs mois allongés. En convalescence à Sunnyside, il partagea son temps entre le dessin et les chevauchées. Entre temps, le ranch devint très important et Charles Cooper fut nommé à la Cour Suprême.
Les peintures du Capitole à Helena, par Charles Russell |
En 1922, Frank s'inscrivit au collège de Grinnel, dans l'Iowa, en section Beaux Arts. C'est là semble-t-il qu'il se confronta pour la première fois au théâtre, par l'intermédiaire du Club Dramatique du collège, auquel il ne fut pourtant jamais admis, sinon à titre honorifique, une fois devenu vedette à Hollywood. Pendant les vacances d'été, pour se changer du ranch et gagner sa vie, il fut conducteur d'autobus pour touristes dans le parc de Yellowstone.
En 1923, parce que c'est parents avaient déménagés sur la côte et par amour d'une jeune fille qui lui demanda d'aller faire fortune à l'Ouest, Frank s'installa à Los Angeles.
> Les débuts comme cascadeur
Il essaya de se faire engager comme dessinateur dans un journal, puis dans une agence de publicité, sans succès, et pour quelques dollars il fit du porte à porte pour un photographe professionnel. Il travailla également quelques temps comme vendeur de rideaux de scènes pour théâtres et cinémas. Pour autant, Frank Cooper n'était pas dans la misère : il vivait chez ses parents et sa mère le couvait à outrance.
En 1924, il retrouva par hasard deux amis d'enfance qui travaillaient dans le cinéma comme cascadeurs : leur job consistait à tomber de cheval pour 10$ par jour. Intéressé, Frank débuta peu après dans un film, probablement de Edward Sloman, The Last Hour, et rencontra Slim Talbot, qui devint par la suite sa doublure sur la plupart de ses films. Quelques années plus tard, il affirma que son premier souvenir de cinéma était un film avec Tom Mix, probablement Dick Turpin. Il enchaina ensuite les films, les apparitions et les cascades dans plusieurs films, tournés à la chaîne, dont La ruée sauvage, L'aigle noir ou Ben-Hur, A Tale of the Christ. Ces années furent éprouvantes physiquement et ses multiples chutes sans protections lui valurent des problèmes de santé toute sa vie.
Gary Cooper (à gauche) dans Tricks, 1925. |
Décidé à ne pas rester dans l'ombre éternellement, et probablement par appât du gain, Frank prit les choses en main : il apprit à se maquiller correctement et se paya plusieurs photos de qualité. Pour 65 dollars, il investit même dans un petit film où il montrait ses prouesses sur un cheval. Grâce aux relations de son père, il rencontra une star de l'époque, Marilyn Mills, qui insista par pitié pour lui confier un rôle dans son prochain film, Tricks. Elle lui conseilla également de prendre un impressario, Nan Collins. Frank Cooper était, à l'époque, le patronyme de centaines de cascadeurs et même d'un assassin. Nan Collins conseilla donc à son nouveau protégé de changer de nom, et lui proposa le nom de sa ville natale dans l'Indiana, Gary. Sans réfléchir, il accepta ce changement et le fit légaliser quelques années plus tard.
> Les premiers rôles
Gary Cooper se présenta au réalisateur John Waters et au producteur Samuel Goldwyn. Dans un couloir, il rencontra même Henry King, à qui il montra sa petite bobine de présentation. Il est difficile de savoir grâce à qui, mais Cooper réussit à se faire engager sur le tournage de Barbara, fille du désert, et par un concours de circonstances, obtint un rôle à part entière. Goldwyn voulut lui offrir un contrat à 75 dollars par semaine, mais Cooper accepta celui de la Paramount, à 125 dollars par semaine. Le film lui valut ses premières critiques positives.
Il tourna dans Le démon de l'Arizona en 1927 sous la direction de John Waters, qui lui offrit sa première scène de baiser au cinéma avec Thelma Todd. Au cours d'une réception, il rencontra Clara Bow, qui était déjà une star du grand écran, et qui menait plusieurs relations amoureuses de front, dont une avec le réalisateur Victor Fleming. Elle insista pour que Cooper obtienne un petit rôle dans Le coup de foudre (It), puis qu'il partage la vedette dans Les enfants du divorce, sur lequel il entretint des relations houleuses avec le réalisateur Frank Llyod.
Gary Cooper dans Les Ailes (1927) |
Paramount décida d'investir plusieurs millions dans une très grande épopée aérienne, mise en scène par William Wellman, Les Ailes. A nouveau, Clara Bow insista pour que sa nouvelle conquête obtienne un petit rôle dans le film. Il tourna une petite scène qui changea sa vie : on le voit arriver, serrer la main à ses amis et manger une tablette de chocolat puis, un peu après, son avion s'écrase. Ses amis retrouvent la tablette de chocolat entamée. Si ce petit moment l'imposa aux yeux des spectateurs, Cooper fut mécontent de sa scène, qu'il pensait avoir raté.
> Naissance d'une vedette
Gary Cooper fut engagé comme vedette sur Beau Sabreur, de John Waters. Ironie de l'Histoire, ce film était la suite de Beau Geste (1926), dont il tourna une nouvelle version ... quelques années plus tard. Il eut sur ce film une liaison avec Evelyn Brent, puis enchaina avec Les pilotes de la mort, avec Fay Wray (la vedette de King Kong). S'il ne s'est jamais rien passé d'autre entre eux que de l'amitié, la Paramount voulut faire croire à une relation amoureuse pour mieux promouvoir leur film suivant, Rien que l'amour, en 1928.
Colleen Moore choisit Gary Cooper comme partenaire pour Ciel de gloire (Lilac Time), dans une production First National. Le succès montant de Cooper ne leur permit pas de retravailler avec elle. Vedette, Cooper ne jouait pratiquement plus de westerns, mais beaucoup de films aériens. Pour Le Rêve immolé (The Shopworn Angel) avec Nancy Carroll, il parla pour la première fois à l'écran.
Avec Lupe Velez dans Le chant du loup (1929) |
Cooper rencontra Lupe Velez en 1929 pour tourner Le chant du loup, de Victor Fleming, et ne la quitta plus, s'affichant avec elle en couverture de tous les journaux à scandale de l'époque, les journalistes les poursuivant partout, jusque dans leur villa cachée de Catalina. Il fut même question de mariage, mais il semblerait que la mère de Gary Cooper soit intervenu en sa défaveur.
Dans Mensonges, de Lewis Milestone, il eut pour partenaire le difficile acteur allemand Emil Jannings, puis revint au western avec The Virginian, son premier film entièrement parlant (les autres étaient plus sonorisés que parlés). Grosse production, dirigée par Victor Fleming, le film fut tourné en extérieurs, ce qui à l'époque n'allait pas de soi et engendrait un certain nombre de problèmes techniques. Il eut pour partenaire sur le film un jeune acteur, chargé de lui faire répéter l'accent de Virginie, Randolph Scott. Pour la promotion, la Paramount le compara à William S. Hart, la première grande star du western muet. Le film fut un triomphe et imposa Gary Cooper comme vedette.
Il enchaina les films dans les mois suivants : Seven Day's Leave, Only the Brave, The Texan et Les écumeurs, et enfin Cœurs brûlés, de Joseph von Sternberg. Sa relation avec Marlène Dietrich fut excellente, et probablement teintée d'amour, mais celle avec le réalisateur fut détestable : Cooper était persuadé - probablement à juste titre - qu'il ne voulait mettre en exergue qu'une vedette, Marlène, et qu'il méprisait le reste de la distribution, dont Adolphe Menjou (affirmations et rumeurs qui furent démenties par le réalisateur dans son autobiographie). Les critiques pour Cooper furent néanmoins très bonnes.
> A la conquête du monde
L'attaque de la caravane fut un film à très grands moyens : deux réalisateurs, deux équipes, neufs compositeurs, des décors en extérieurs et des kilomètres de pellicules (certaines rushes furent même utilisées pour d'autres films). Le soir, Cooper tournait un autre film, Les Carrefours de la ville, sous la direction de Rouben Mamoulian, dont Clara Bow refusa d'être la vedette féminine. Épuisé par le rythme des tournages et voulant probablement fuir Lupe Velez, Cooper s'envola pour l'Europe.
Avec la comtesse Dorothy Di Frasso |
Un ami producteur lui demanda d'aller à la rencontre de son amie, la comtesse Dorothy Di Frasso, qui vivait à Rome dans une somptueuse demeure. Croqueuse d'hommes, elle prit en main son jeune invité et l'invita dans un tour d'Europe à la rencontre de la haute société, durant plusieurs semaines, mais la Paramount pria sa vedette de rentrer, pour lui faire tourner Sa femme, avec Claudette Colbert, puis I Take This Woman avec Carole Lombard. Les deux films furent des échecs cuisants.
Visiblement lassé du cinéma, Cooper s'envola à nouveau avec sa nouvelle amie en 1932, cette fois pour l'Afrique. Mais, ruiné et loin des plateaux, il revint rapidement à Hollywood pour sauver sa carrière. La Paramount ne l'avait pas rappelé et lui avait même trouvée un remplaçant, le jeune Cary Grant. C'est d'ailleurs avec lui qu'il tourna Le Démon du sous-marin.
Cooper n'était pas le premier sur la liste des comédiens susceptibles d'incarner Frederic Henry dans l'adaptation du roman de Ernest Hemingway, L'adieu aux armes, mais il fut assez convaincant pour récupérer un rôle destiné à Fredric March. Face à Helen Hayes, il interpréta le rôle le plus dialogué et le plus profond de sa première partie de carrière, et le film obtint plusieurs nominations aux Oscars (il en remporta deux). Fort de sa performance et de la nouvelle tournure que prenait sa carrière, Gary Cooper réclama pour son film suivant, Après nous le déluge, une augmentation conséquente de son salaire.
Veronica "Rocky" Balfe et Gary Cooper |
Lors d'une réception, Gary Cooper rencontra Veronica Balfe, jeune actrice qui tentait sa chance sous le nom de Sandra Shaw et l'épousa le 15 décembre 1933 à New York, dans la plus stricte intimité.
2 commentaires:
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Merci pour cet article. Je suis d'autant plus allèché de découvrir tous ces films de la première partie de carrière de Cooper. j'avoue n'en avoir vu que très peu et aucun de sa période muette. Son "Mensonges" avec Jannings m'intrigue particulièrement. Je gage qu'il y a peu de chances que ces films sortent un jour en dvd...
Vivement la partie 2...d'autant plus alléché de découvrir tou
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