>> ÉQUIPE TECHNIQUE / CARACTÉRISTIQUES
Titre original : A Farewell to Arms, Réalisateur : Frank Borzage, Scénario : Benjamin Glazer et Olivier H. P. Garrett, Producteurs : Benjamin Glazer et Edward A. Blatt, Musique : Milan Roder, Photographie : Charles Lang, Direction artistique : Roland Anderson et Hans Dreier, Montage : Otho Lovering et George Nichols Jr., Genre : Guerre, Drame, Durée : 78 minutes, Noir et Blanc, Sortie US : 8 décembre 1932.>> DISTRIBUTION
Gary Cooper (Frederic Henry), Helen Hayes (Catherine Barkley), Adolphe Menjou (Major Rinaldi), Mary Philips (Helen Ferguson), Jack La Rue (le prêtre), Gilbert Emery (le major anglais), Blanche Friderici (la chef des infirmières).>> HISTOIRE
En Italie, pendant la première guerre mondiale. Le lieutenant américain Frederic Henry, engagé comme ambulancier dans l'armée italienne, tombe sous le charme de la belle infirmière Catherine Barkley. Son ami, le major Rinaldi, jaloux, use de son pouvoir pour faire transférer à Milan cette dernière.Dénouement. Frederic est blessé lors d'une attaque d'artillerie, et est envoyé à l'hôpital militaire de Milan. Il y retrouve Catherine et en profite pour se marier avec elle. Le temps passe, Frederic se voit retirer sa permission pour maladie et doit retourner au front. Inquiet de ne pas avoir de nouvelles de sa femme - son courrier est censuré par le major Rinaldi -, il déserte et part la retrouver en Suisse, où elle s'est réfugiée. Quand il arrive, elle vient de perdre leur bébé lors de l'accouchement. Elle s'éteint quelques minutes plus tard, dans ses bras, alors que sonnent les cloches qui annoncent l'armistice.
>> AFFICHES
>> NOMINATIONS ET RÉCOMPENSES
Nominations :
- Cérémonie des Oscars, 1933 : Meilleur film, Meilleure photographie (Charles Lang), Meilleure direction artistique (Hans Dreier et Roland Anderson), Meilleur son (Département son des studios Paramount).
Récompenses :
- Cérémonie des Oscars, 1933 : Meilleure photographie (Charles Lang), Meilleur son (Département son des studios Paramount).
>> AUTOUR DU FILM
- Le film est la première adaptation (il en existe une autre, de 1957 avec Rock Hudson) du roman de Ernest Hemingway, L'adieu aux armes. Les grands studios s'emparèrent très vite de cette histoire, mais renoncèrent devant les sujets évoqués, redoutables aux yeux de la censure (amours hors mariage, désertion ...). C'est la Paramount, qui racheta les droits du roman dès 1930 pour 80.000$. Au bord de la faillite, elle comptait tout investir dans un grand film pour remonter la pente. Les acteurs Frederic March et Claudette Colbert furent évoqués, puis Gary Cooper et Ruth Chatterton ; les réalisateurs successifs furent Richard Wallace puis John Cromwell. Le casting définitif fut arrêté peu avant le tournage, qui nécessita 8 semaines et près de 800.000$, dans les décors de la Paramount à San Fernando Valley et dans les studios à Marathon Street.Cooper, jeune acteur, avoua avoir beaucoup appris avec Borzage : "C'est un privilège de travailler pour Mr. Borzage, c'est lui qui m'a appris que la meilleure manière de jouer est de ne pas jouer du tout mais demeurer parfaitement naturel, ce qui ne va pas de soi quand c'est lui qui vous dirige."
La grande première du film eut lieu le 8 décembre 1932 à New-York. L'accueil du public fut chaleureux aux Etats-Unis, mais L'adieu aux armes fut censuré dans grand nombre de pays : en Allemagne (la sortie coïncidait avec la prise de pouvoir de Hitler), en Pologne, en Australie, en Colombie (sous pression de Mussolini), en Egypte. A Paris, il fut projeté en version originale sous-titrée, pour en limiter l'audience. L'écrivain Ernest Hemingway détestait cette adaptation avant même de l'avoir vu (il reprochait au film d'occulter les séquences de guerre, notamment celle de Caporetto), et refusa de se rendre à une projection privée organisée par la Paramount. En outre, le film comportait deux fins (une triste, une heureuse) qui étaient parfois proposées aux exploitants des cinémas américains. (H. Dumont, Frank Borzage, Sarastro à Hollywood, Milan, Mazzotta, 1993, p. 187-199)
- Dans le film, Gary Cooper est souvent à moitié dans l'ombre. Luc Moullet, qui a étudié sa manière de jouer, y voit une des clefs de la "mythification" de l'acteur : "Ici, le noir est la teinte privilégiée. Souvent la moitié du visage de Cooper est dans l'ombre. Dans la scène où le prêtre unit les deux amants, le dialogue tourne autour de la guerre et de la paix, de la vie et de la mort. Et cette contradiction lumineuse entre les deux parties du visage renforce physiquement le tragique de cette dualité. [...] Ou encore on ne voit plus du tout Cooper. Lorsqu'il est blessé, pas de grand spectacle guerrier : on ne perçoit à peu près rien du tir au mortier qui le cloue au sol. Le dialogue avec sa bien aimée résumé d'ailleurs ce parti pris : 'On se rencontre toujours dans l'ombre'." (L. Moullet, Politique des acteurs, Paris, Éditions de l'Étoile, 1993, p. 22)
>> RÉPLIQUES
- "Sept opérations aujourd'hui, Baby ! Dont une absolument superbe. J'ai sorti le cœur. Je le tenais et il battait, comme ça. Tu aurais dû voir ça. C'était magnifique".
(Adolphe Menjou)
- "Au début je m'imaginais naïvement qu'il serait amené à mon hôpital. Avec un simple bandage à la tête, ou blessé à l'épaule. Quelque chose de pittoresque.
- Le pittoresque, c'est ici. Pas en France".
(Helen Hayes/Gary Cooper)
- "On pourrait l'envoyer à Milan.
- Magnifique ! Les anglais sont bien les maîtres de la diplomatie !"
(Gilbert Emery/Adolphe Menjou)
- "Comment est-ce arrivé ? Je te ferai décorer pour ton courage. La médaille d'argent peut-être. Celle de bronze surement. Tu as sauvé quelqu'un ?
- Je n'ai sauvé personne, je ne pouvais plus bouger.
- Tu as bien fait quelque chose d'héroïque non ?
- J'ai été enseveli alors que je mangeais du fromage".
(Adolphe Menjou/Gary Cooper)
- "Vous avez eu des enfants ? C'est comment ?
- Pardon ? Qu'avez vous dit ?
- Rien, un café s'il vous plaît. Et une brioche."
(Gary Cooper/Alice Adair)
>> CRITIQUES
"[...] Le même mysticisme imprègne la fin de A Farewell to Arms, où la mort, comme toujours chez Borzage, prend une valeur positive car elle est transcendée par l'amour : "Délivrée", murmure Frederick en portant le corps de Catherine dans ses bras tandis que sonnent les cloches de l'armistice et qu'un vol de colombes emplit le ciel. On peut mesurer toute l'originalité de l'apport de Borzage quand il adapte, comme ici, un roman d'un auteur dont tout le sépare. Rien de plus éloigné, en effet, de la sécheresse concertée d'Ernest Hemingway (qui, bien entendu, détestait le film) que cette envolée lyrique". (B. Tavernier et J.-P. Coursodon, 50 ans de cinéma américain, Paris, Omnibus, 1995, p. 319)"[...] On peut certes soutenir que c'est Borzage seul qui fait tout le boulot. Mais je crois qu'aucun autre acteur n'aurait pu apporter à la fois cette légère présence intelligente et en même temps cette extrême discrétion, l'une et l'autre indispensables à cet exercice sur la corde raide". (L. Moullet, Politique des acteurs, Paris, Editions de l'Étoile, 1993, p. 23)
"En dehors de la qualité du couple formé par Gary Cooper, idéal héros hemingwayen [...] et Helen Hayes, on pourra noter la stylisation de certains plans, parfois à la limite de l'expressionnisme". (P. Brion, Regards sur le cinéma américain (1932-1963), Paris, Éditions de la Martinière, 2001, p. 14)
"Si cette belle oeuvre est une dénonciation de la guerre, elle est surtout un poème d'amour fou. Cette dénonciation est accompagnée d'un appel à la paix qui se transformera en supplication du ciel. Ce film est réalisé avec une grande délicatesse [...]." (J. Tulard, Guide des films (A-E), Paris, Robert Laffont, 2002, p. 26)
La presse française de l'époque fut très dure envers le film : la revue Mon Ciné écrivit "Ce titre nous paraît mal choisi, parce que le personnage principal est un déserteur", François Vinneuil ajouta "un certain aumônier assume la glorieuse tâche de démoraliser un à un les combattants ... les américains apprécient peu la lâcheté physique. Aussi doivent-ils accumuler les circonstances les plus horriblement mélodramatiques pour expliquer la désertion d'un rude gaillard comme Gary Cooper", le roman François de Croisset n'y voyait qu'un "sombre mélo, plein de prétention". (H. Dumont, Frank Borzage, Sarastro à Hollywood, Milan, Mazzotta, 1993, p. 199)
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