vendredi 1 avril 2011

L'extravagant Mr. Deeds (1936)


>> ÉQUIPE TECHNIQUE / CARACTÉRISTIQUES
Titre original : Mr. Deeds Goes to Town, Réalisateur : Frank Capra, Scénario : Robert Riskin, Producteur : Frank Capra, Musique : Howard Jackson, Photographie : Joseph Walker, Direction artistique : Stephen Goosson, Montage : Gene Havlick, Genre : Comédie dramatique, Durée : 115 minutes, Noir et Blanc, Sortie US : 12 avril 1936.

>> DISTRIBUTION
Gary Cooper (Longfellow Deeds), Jean Arthur (Babe Bennett), George Bancroft (MacWade), Lionel Stander (Cobb), Douglas Dumbrille (John Cedar), Raymond Walburn (Walter), H.B. Warner (Judge May), Ruth Donnelly (Mabel Dawson).

>>HISTOIRE
L'une des plus grosses fortunes des Etats-Unis meurt, en laissant pour seul héritier son neveu, le jeune Longfellow Deeds, joueur de tuba dans l'orchestre d'une petite ville. Arrivé à New York, il devient la cible de multiples escrocs souhaitant profiter de sa naïveté. En outre, un journal à scandale décide d'en faire sa une, et envoie une séduisante journaliste, Babe Bennett. Celle-ci parvient sans mal à mettre Deeds sous son charme et l'incite à passer une longue nuit dans la ville, où le jeune héritier se livre à diverses actions remarquées (dont une bagarre avec des poètes célèbres). Le lendemain matin, tout est révélé dans le journal, qui le surnomme à présent "Monsieur Cendrillon".
Dénouement. Deeds ne semble pas blessé outre mesure, mais ne songe plus qu'à revoir sa cavalière d'un soir, dont il ignore les activités professionnelles. Quelques heures plus tard, après avoir chassé tous les invités d'une réception qu'il donnait, il la retrouve, et se promène dans la ville. Prise de remords, et sous le charme, Babe ne veut plus écrire d'articles ridicules à son sujet et démissionne du journal. Mais après lui avoir avoué ses sentiments, réciproques, Deeds découvre la vérité sur sa bien aimée. Décidé à quitter New York, il est pris à parti par un chômeur qui lui reproche ses frasques luxueuses, quand une partie de la population meurt de faim. Touché et concerné, Deeds décide de consacrer toute sa fortune à un projet économique majeur, mais il est arrêté suite à une plainte pour folie et impossibilité à gérer une telle somme, déposée par un autre héritier envieux poussé par des hommes d'affaires. Terriblement blessé et malheureux, il s'enferme dans le silence lors de son procès. Tout près d'être enfermé pour soins, il prend finalement la parole et retourne tous les arguments en sa faveur. Acquitté, il peut mener son projet à bien et vivre son histoire d'amour avec Babe.

>> AFFICHES


>>NOMINATIONS ET RÉCOMPENSES
Nominations :
- Cérémonie des Oscars, 1937 : Meilleur film, Meilleur réalisateur (Frank Capra), Meilleur Acteur (Gary Cooper), Meilleure adaptation (Robert Riskin), Meilleur son (Département son de la Columbia).

- National Board of Review Awards, 1936 : Meilleur film américain.

- New-York Film Critics Circle Awards, 1937 : Meilleur film.

Récompenses :
- Cérémonie des Oscars, 1937 : Meilleur réalisateur (Frank Capra).

- National Board of Review Awards, 1936 : Meilleur film américain.

- New-York Film Critics Circle Awards, 1937 : Meilleur film.

- L'American Film Institut a placé L'extravagant Mr. Deeds dans deux listes.
     . 83ème film le plus inspirant de tous les temps (2006).
     . 70ème film le plus drôle de tous les temps (2000).

>> AUTOUR DU FILM
Frank Capra fit acheter les droits d'un roman de Clarence Budington Kelland, Opera Hat, à Harry Cohn, grand patron de la Columbia. Il racontait l'histoire d'un homme simple, Longfellow Deeds, qui héritait d'un important héritage et d'un théâtre lyrique à New York, et qui se perdait "dans le tourbillon frénétique du monde du théâtre". Cette deuxième partie intéressait moins Capra qui se concentra sur la première, et donna le scénario à écrire à Robert Riskin.

Le réalisateur trouva très rapidement l'acteur principal : "Qui à Hollywood pouvait interpréter ce poète du dimanche, humble et honnête ? Un seul acteur : Gary Cooper. Chaque trait de son visage respirait l'honnêteté. Son intégrité était tellement innée qu'il n'avait jamais l'air artificiel, même lorsque ses rôles l'étaient." Le choix de sa partenaire fut plus difficile, car personne à ses yeux ne faisait l'affaire. Il remarqua une jeune femme, Jean Arthur, qui "trainait dans le coin" depuis longtemps. Contre l'avis de Cohn, il la fit engager et ne regretta jamais son choix.
Mr. Dees Goes to Town marqua un tournant dans la carrière de Frank Capra qui débuta une série de films "à messages" : "Un homme simple et honnête, acculé dans un coin par une bande de rapaces sophistiqués et roublards peut, s'il le veut, puiser au plus profond des ressources que Dieu lui a données et y trouver suffisamment de courage, d'esprit et d'amour pour triompher de son entourage". Le film fut un grand succès aux Etats-Unis, et pour la première fois un réalisateur américain "salarié" d'un grand studio eut son nom en haut de l'affiche, au dessus du titre et des vedettes. (F. Capra, Hollywood Story, Paris, Ramsay, 1985, p. 241-247)

>> RÉPLIQUES
- "Il vit principalement de ses poèmes.
- Il écrit des poèmes ?
- Oh, mon Dieu, oui. Longfellow est célèbre. Il écrit toutes les cartes de vœux. Vous savez, les cartes de noël, de pâques et d'anniversaires."
(Margaret Seddon/Lionel Stander)

- "Je ne m'inquiéterais pas à votre place. Une fortune implique des responsabilités, mais on vous aidera. Ne vous inquiétez pas, laissez moi faire.
- Je ne m'inquiétais pas à ce sujet.
- Ah non ?
- Je me demandais où ils trouveront un remplaçant pour l'orchestre."
(Douglas Dumbrille/Gary Cooper)

- "Un certain Winslow voulait gérer mes affaires gratuitement aussi. Je me demande pourquoi ils veulent travailler gratuitement, c'est anormal. Je devrais y réfléchir d'avantage."
(Gary Cooper)

- "Il parle de femmes comme du bétail.
- Tous les goûts sont dans la nature."
(Gary Cooper/Raymond Walburn)

- "Donnez moi mon pantalon, j'ai écris son numéro sur un bout de papier.
- Vous n'avez pas de pantalon, monsieur. Vous êtes rentré sans, hier soir.
- J'ai fait quoi ?
- Vous êtes rentré sans vos vêtements. Vous étiez en caleçon, oui monsieur !
- Je ne pourrais pas me promener sans vêtements, je serais arrêté !
- C'est ce qu'on dit les deux policiers."
(Gary Cooper/Raymond Walburn)

>> CRITIQUES
"Comme souvent, ce sont les titres les plus prisés des historiens qui se sont le plus démodés [dont] certains passages de Mr. Dees Goes to Town. Leur générosité utopique et béate est surtout irritante [...]. A cette sincérité, qui parfois ne suffit pas à nous faire oublier l'exaltation du crétin moyen, s'ajoute une direction d'acteurs parfaite (Gary Cooper est sublime dans Mr. Deeds Goes to Town), qui nous vaut dans les seconds rôles une abondance de succulentes compositions (la séquence du tribunal [...])." (B. Tavernier et J.-P. Coursodon, 50 ans de cinéma américain, Paris, Omnibus, 1995, p. 347)

"On remarque l'extrême sobriété de Cooper. Ses effets de jeu, très réduits, expriment la nature profonde du Deeds normal, tel qu'il vit dans sa campagne. [...] Le film de Capra tire sa force d'un paradoxe : après une heure quinze de projection, débute le procès de Deeds. On s'attend à une belle joute oratoire qui mettra en valeur Gary Cooper. Eh bien, c'est tout le contraire ... [...] Capra se permet même, après une heure de film, d'augmenter cet effacement, en laissant, au cours de plans assez longs, Gary Cooper parler de dos ou dans l'obscurité de la nuit ou en contre jour (dans la scène de la prison), parfois à côté de sa partenaire Jean Arthur, qui, elle, est éclairée. Il fait ainsi mieux ressurgir le mythe de l'américain moyen parfait ou crée un mythe Gary Cooper." (L. Moullet, Politique des acteurs, Paris, Éditions de l'Étoile, 1993, p. 30-31)

>> PHOTOS DU FILM

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