Politique des acteurs est le seul ouvrage, à ma connaissance, consacré entièrement à l'étude et l'analyse du jeu de quatre des plus grandes stars de Hollywood, Duke Wayne, Gary Grant, Jimmy Stewart et Gary Cooper. A priori, un livre important et incontournable.
L'auteur est réputé parmi les cinéphiles, il intervient régulièrement dans des bonus de DVD (dont certains sur Gary Cooper - L’odyssée du Dr. Wassell, Les tuniques écarlates) et est l'auteur de nombreuses critiques (et de quelques films, que je n'ai pas eu l'occasion de voir).
Le chapitre consacré à Coop' est très bien intitulé L'immortalité du sphinx, en référence au "champion de l'underplay" qu'il était et possède de très belles analyses de l'évolution du laconisme de l'acteur, exacerbé au fur et à mesure des films, et de l'importance d'avoir des partenaires qui le valorisent encore plus (tels que Walter Brennan ou Akim Tamiroff). Toutefois, j'ose relever de nombreux défauts à mon goût : Moullet ne s'intéresse pas à tous les films de Cooper, mais à quelques uns qu'il juge importants ; il y a plusieurs erreurs difficilement acceptables, dont une sur les morts de Gary Cooper au cinéma : Moullet n'en relève que 5 (oubliant notamment Les trois lanciers du Bengale et Peter Ibbetson !) ; et c'est surtout la manière d'écrire de l'auteur qui me dérange : il ne semble pas apprécier les acteurs dont il parle, ni les films (on a l'impression qu'il n'y a que quelques bons films dans leurs carrières - et c'est encore plus flagrant dans le chapitre sur John Wayne) ; sans compter ses nombreux avis très discutables : Moullet ne voit que trois westerns intéressants dans la carrière de Cooper (!), ceux de Cecil B. DeMille, ne voit aucun intérêt dans les films de Sam Wood, et trouve enfin que Peter Ibbetson est un film totalement raté.
Le livre est donc pénible à lire - Moullet gâche complètement son très beau sujet -, et il sera complètement indigeste pour quelqu'un qui n'a pas vu les films des acteurs concernés (pour bien faire, il faut maitriser la filmographie complète). De plus, si vous êtes un grand admirateur de Gary Cooper ou John Wayne, vous aurez bien du mal à accepter certaines phrases franchement exagérées ("Prenons les cinq derniers Cooper : le seul qui présent un intérêt, c'est bien sur le seul qu'il n'ait pas produit, Man of the West", "[...] le médiocre How Green Was My Valley", "[...] comme The Big Trail, où il ne rendait pas grand-chose à travers ses rôles de jeune gandin [...]").
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