vendredi 29 avril 2011

La mission du commandant Lex (1952)


>> EQUIPE TECHNIQUE / CARACTÉRISTIQUES
Titre original : Springfield Rifle, Réalisateur : André De Toth, Scénario : Frank Davis et Charles Marquis Warren, Producteur : Louis F. Edelman, Musique : Max Steiner, Photographie : Edwin DuPar, Direction Artistique : John Beckman, Montage : Robert L. Swanson, Genre : Western, Durée : 89 minutes, Couleur, Sortie US : 29 octobre 1952.

>> DISTRIBUTION
Gary Cooper (Major Alex Kearney), Phyllis Thaxter (Erin Kearney), Paul Kelly (Lieutenant John Hudson), Lon Chaney Jr. (Pete Elm), Philip Carrey (Capitaine Edward Tennick), James Millican (Matthew Quint), David Brian (McCool), Wilton Graff (Colonel Sharpe).

>> HISTOIRE
Pendant la guerre de Sécession. Le commandant 'Lex' Kearney, chargé de convoyer un troupeau de chevaux pour l'armée, refuse d'affronter des voleurs pendant une embuscade et fait sonner la retraite. Accusé de lâcheté par le capitaine Tennick, il passe en jugement, avant d'être reconnu coupable, dégradé et expulsé de l'armée. Après une rixe avec le responsable de sa déchéance, il est même jeté en prison.
Dénouement. Avec deux voyous, il parvient toutefois à s'évader et à se faire embaucher par McCool, le chef de la bande qui vole les chevaux de l'armée des États-Unis pour les revendre aux Sudistes. Le commandant Lex est en réalité un contre-espion chargé de démasquer le traitre au sein de l'armée. Après s'être substitué à McCool, il découvre que le traitre est l'homme le plus haut placé du camp militaire, le chef John Hudson. Confondu à son tour par ce dernier, Lex parvient - grâce à ses hommes restés fidèles - à le faire arrêter et à tuer les voleurs. Son action est reconnue comme efficace par l'armée, et il est réincorporé avec les honneurs.

>> AFFICHES


>> NOMINATIONS ET RÉCOMPENSES
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>> AUTOUR DU FILM 
Rencontre avec André De Toth (extrait, 1967). 
- "Est-ce vous ou Charles Marquis Warren qui a eu l'idée de Springfield Rifle ?
- Tous les deux. Je me suis dit, un beau jour, que dans toutes les guerres, il y avait eu des espions. Pourquoi pas pendant la guerre de Sécession ? Charles Marquis Warren connaissait très bien l'histoire de l'Ouest, et il m'a donné des détails curieux. Mais le film que vous avez vu n'est qu'un squelette. En fait, j'avais tourné l'un des plus longs films après Autant en emporte le vent, presque deux heures et demie, et on m'en a coupé près de trois quarts d'heure. On a supprimé tout ce qui humanisait les personnages, et notamment celui de Gary Cooper dans les relations avec sa femme. Sans parler de longues scènes dans la neige et d'une bataille dans la brume. Elle, je l'avais vraiment tournée dans la brume. Les combattants se cherchaient et ne se voyaient pas. C'était magnifique. Mais il n'en reste rien". (B. Tavernier, Amis américains, Arles, Institut Lumière/Acte Sud, 2008, p. 486)

André De Toth (extrait, 1993)
- [...] "Prenez Springfield Rifle, avec la scène dans le brouillard. Un matin je me suis réveillé et je suis allé sur le plateau - j'aimais beaucoup y arriver le premier. Ce jour là je ne pouvais pas voir le bout de mon bras tellement le brouillard était dense. J'ai appelé mon assistant et lui ai demandé de réveiller toute l'équipe pour aller tourner. J'ai moi même sorti du lit Gary Cooper qui n'était pas un homme facile au réveil - après il redevenait adorable". (Idem, p. 497)

- Le tournage fut bref, 28 jours, et coûta 628 000 dollars. Dans son autobiographie, le réalisateur André De Toth raconte que Gary Cooper avait pour habitude de faire des siestes en pleine nature et, pour pouvoir le retrouver plus facilement en cas de besoin, on lui accrochait des ballons gonflables (pour signaliser sa "position"). Un jour, lors d'une scène à laquelle il ne participait pas, les chevaux s'emballèrent "comme un torrent déferlant sur tout, équipements, hommes", et furent maîtrisés un peu après sans causer de dégâts majeurs. Seulement, personne ne savait où était Gary Cooper (ses ballons étaient crevés). Celui-ci arriva, après sa sieste, et s'exclama sereinement "Ça a dû être un plan formidable, Tex. Pas vrai ?" devant une équipe médusée et inquiète pour lui. 
Les relations entre le réalisateur et Cooper furent très bonnes, De Toth savait qu'il pouvait compter sur sa vedette. Lors d'un conflit avec son chef opérateur qui aurait pu le faire renvoyer du tournage, il pu compter sur son soutien total ("Si Jack [Warner] vous fout à la porte, pas besoin de regarder derrière vous, je suivrai !" lui déclara la star après une soirée arrosée) et écrivit "C'était un plaisir de travailler avec Coop', un ami à l'épreuve de toutes les intempéries. [...] Il était là, vous saviez qu'il serait toujours là. Une force silencieuse, le symbole de l'honnêteté".
Sur le laconisme de Gary Cooper, André De Toth écrit : "Si Coop' avait été plus détendu, il aurait été une flaque. Lui et Churchill  devaient avoir des gênes semblables, mais ceux de Coop' n'avaient pas besoin d'alcool ; il pouvait s'endormir debout immobile, et immobile, il l'était toujours." (A. De Toth, Fragments, portraits de l'intérieur, Arles, Institut Lumière/Actes Sud, 1998, p. 449-453)

- La grande première du film eut lieu le 22 octobre 1952 à New-York. La sortie française fut programmée pour le 18 août 1953. Le film cumula 2 077 489 entrées en France, dont 408 509 à Paris.

>> RÉPLIQUES
- "Votre tunique est toute tâchée. Est-ce le sang des hommes que vous avez sacrifiés ? Êtes vous fier de vous ? Vous sentez vous aussi brave ?"
(Gary Cooper)

- "Heureux de vous voir ici. Vous êtes de la Virginie ?
- Oui, et vous ?
- De la Caroline du Sud. Vous savez, un jour, j'ai failli vous abattre. Heureusement je vous ai raté.
- Je m'en réjouis. Comment êtes vous arrivé ici ?
- Avec d'autres, on m'a envoyé à McCool. Les chevaux valent plus que les hommes".
(Fess Parker/Gary Cooper)

- "J'ai eu l'opinion du ministère sur le contre-espionnage. Ils se sont moqué. Ils ont jugé absurde de créer une chose qui n'est même pas définie dans le dictionnaire ! On va l'écrire leur définition, et en majuscules !"
(Wilton Graff)

- "L'armée semble hostile aux idées nouvelles. Nous sommes responsables de tant de vies humaines. Mais il se trouve des hommes courageux, entreprenants qui vont au-delà de leur devoir. Vous êtes de ceux là, comme Sharpe, Tennick, et tant d'autres qui se sacrifièrent. Commandant Kearny, vous êtes réintégré dans votre unité avec citation du général en chef des États-Unis. J'ai recommandé votre mutation à la tête du nouveau service de contre-espionnage. Le résultat le plus important de ces opérations est le succès que vous avez obtenu avec le nouveau fusil. Vous avez prouvé sa supériorité au combat, et par conséquent, le fusil Springfield équipera désormais l'armée des États-Unis. Il contribuera à la victoire finale et ramènera la paix et l'unité dans notre pays."
(Richard Hale)

>> CRITIQUES
"Springfield Rifle, originale histoire d'espionnage durant la guerre de Sécession, contient des scènes fortes - le jugement de Gary Cooper filmé en une suite de panos et de travellings, sa dégradation, les magnifiques extérieurs filmés dans le brouillard - mais un second sujet (le fusil à répétition qui donne son titre au film) vient se greffer sur le premier et le banaliser sans aucune compensation". (B. Tavernier et J.-P. Coursodon, 50 ans de cinéma américain, Paris, Omnibus, 1995, p. 424)

"Western classique : Cooper est parfait et la mise en scène de De Toth efficace." (J. Tulard, Guide des films (F-O), Paris, Robert Laffont, 2002, p. 1962)

>> PHOTOS

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