mardi 19 avril 2011

Désir (1936)


>> ÉQUIPE TECHNIQUE / CARACTÉRISTIQUES
Titre original : Desir, Réalisateur : Frank Borzage, Scénario : Edwin Justus Mayer, Waldemar Young et Samuel Hoffenstein, Producteur : Ernst Lubitsch, Musique : Friedrich Hollaender, Photographie : Charles Lang, Direction artistique : Hans Dreier et Robert Usher, Montage : William Shea, Genre : Comédie, Durée : 91 minutes, Noir et Blanc, Sortie US : 11 avril 1936.

>> DISTRIBUTION
Marlène Dietrich (Madeleine de Beaupré), Gary Cooper (Tom Bradley), John Halliday (Carlos Margoli), William Frawley (Mr. Gibson), Ernest Cossart (Aristide Duvalle), Akim Tamiroff (le policier), Alan Mowbray (le Dr. Pauquet), Zeffie Tilbury (tante Olga).

>> HISTOIRE
A Paris, la belle Madeleine de Beaupré parvient, grâce à son charme et son intelligence, à duper un célèbre bijoutier et un psychiatre réputé, et à dérober un collier de perle d'une très grande valeur. Au même moment, l'ingénieur automobile Tom Bradley quitte son travail pour quelques vacances méritées. Tous deux prennent la route de l'Espagne.
Dénouement. A la douane, Madeleine utilise Tom pour faire passer le collier volé, et maintenant recherché par toutes les polices. Mais elle se retrouve obligée, bien malgré elle, de monter en voiture avec lui. Elle profite de l'inattention de Tom pour partir avec sa voiture, persuadée à tort que le collier s'y trouve. Arrivée à San Sebastian, elle retrouve son associé, le prince Margoli, puis Tom, peu de temps après. Sous le charme, celui-ci ne cherche pas à comprendre la généreuse hospitalité du couple. Alors que Carlos parvient sans mal à récupérer le collier, Madeleine tombe amoureuse de Tom. D'abord insensible, il devient jaloux et tente de les séparer, sans succès jusqu'à ce qu'elle ne révèle tout, et qu'il prenne la fuite. Les deux amoureux retournent à Paris pour restituer le collier de perle, et se marier.

>> AFFICHES


>> NOMINATIONS ET RÉCOMPENSES
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>> AUTOUR DU FILM
A la fin de l'année 1935, Marlène Dietrich signa un contrat avec la Paramount, stipulant qu'elle devait jouer un film réalisé par Ernst Lubitsch. Mais celui-ci fut nommé chef de production du studio et obligé d'abandonner la réalisation pendant un temps. Il confia donc son remake (appelé à l'origine The Pearl Necklace) de Die Schonen Tage in Aranjuez à Frank Borzage, "emprunté" à la Warner le temps d'un film. L'idée était de reformer le duo de Cœurs Brûlés (Morroco, 1930), mais Gary Cooper ne fut pas séduit tout de suite : il craignait de tourner à nouveau avec Josef Von Sternberg (le réalisateur attitré de Marlène) et d'être écrasé par une omniprésence de dialogues. Dernière réticence : le troisième acteur du film devait être John Gilbert, le compagnon de l'époque de Dietrich. Il fut rassuré sur les deux premiers points par Lubitsch, qui lui conseilla de ne pas jouer son texte, mais de le dire tout simplement, et par la présence de Borzage. Quant à John Gilbert, alcoolique et dépressif, il fut victime d'une crise cardiaque et remplacé par John Halliday. La liaison entre Cooper et Dietrich l'acheva et il mourut à la fin du tournage.

Frank Borzage témoigna plus tard de la très bonne ambiance du tournage, décontracté, avec une Marlène Dietrich charmante, faisant la cuisine pour toute l'équipe. Il fut relativement long - de septembre à décembre 1935 - et son coût s'éleva à 1 400 000 dollars. Quant aux bijoux, ils étaient réels - estimés à 75 000 dollars - et surveillés en permanence.

Les historiens du cinéma n'ont sans doute pas encore refermé le débat sur la réelle paternité du film. La présence de Lubitsch fait croire à certains qu'il fut beaucoup plus présent qu'un simple producteur, d'autres affirment - et c'est le cas de Marlène Dietrich - que c'est bel et bien Frank Borzage qui fut le seul réalisateur du film. On sait toutefois que, prit sur un autre tournage très important, Lubitsch tourna quelques scènes à sa place.

Le film ne fut un pas un grand succès aux Etats-Unis mais triompha en Europe, allant même jusqu'à devancer les scores très importants des Trois lanciers du Bengale, à tel point que Adolf Hitler en personne se déclara admirateur de la belle Marlène Dietrich. Il envoya même son ambassadeur à Londres Joachim Von Ribbentrop lui signifier qu'il était prêt à lui remettre une très haute décoration. Le futur ministre des affaires étrangères de l'Allemagne Nazie repartit avec une bordée d'insultes. (H. Dumont, Frank Borzage, Sarastro à Hollywood, Milan, Mazzotta, 1993, p. 237-241)

>> RÉPLIQUES
- "Docteur ... c'est embarrassant.
- Vous parlez à votre médecin.
- Quand nous nous sommes mariés, c'était un homme si fort, si viril. Et aujourd'hui ... il s'imagine parfois en écolière en fuite.
- Oh ...
- Et il troqué ses pyjamas contre des chemises de nuit.
- Je n'aime pas ça.
- Je n'aime pas ça, non plus."
(Marlène Dietrich/Alan Mowbray)

- "D'abord vous m'arrosez de boue. Ensuite vous me tendez la main. Les Européens ..."
(Gary Cooper)

- "Vous essayez de me doubler ?
- Quelle vulgarité !
- Désolé. Je la dois à la fréquentation des avocats."
(John Halliday/Marlène Dietrich)

- "Qui était cet homme ?
- Un américain.
- Formidable ! Le trouver sera facile, ils ne sont que 100 millions ! Son nom ?
- Je ne le connais pas.
- Bien. Nous n'aurons pas à nous embarrasser de son nom ! Il était comment ?
- Grand.
- Encore un indice de ce genre, et nous le tenons !"
(John Halliday/Marlène Dietrich)

- "Restons calmes ! On ne risque que 5 ans.
- 7 ! J'ai vérifié."
(John Halliday/Marlène Dietrich)

- "Jolie façon d'accueillir une vieille dame ! Je pourrais être votre grand-mère, et si votre grand-mère venait ici, vous lui offririez un brandy.
- Sec ?
- S'il vous plaît. Il n'y a que pour le brandy que je suis aussi sèche. Vous savez ... je ne buvais pas avant la prison."
(Zeffie Tilbury/Marlène Dietrich)

- "Sous-estimer l'Amérique serait une stupidité. C'est un grand pays !
- 1 mètre 90."
(John Halliday/Gary Cooper)

>> CRITIQUES
"Il est indéniable que l'on retrouve dans ce joyau de la comédie américaine, la touche [de Lubitsch] mais il faut voir plus loin. [...] Lubitsch se moque de la traditionnelle notion de moralité en même temps qu'il renie le côté humain de ses personnages, qu'il identifie à des objets. Borzage est le contraire : l'environnement est l'objet et est utilisé pour mieux nous sensibiliser à la condition humaine de ses personnages. [...] Quelle complémentarité ! Du grand art tout simplement !" (J. Tulard, Guide des films, Paris, Robert Laffont, 2002, p. 854)

"[...] Superbe duo pour Gary Cooper et Marlène Dietrich produit par Ernst Lubitsch, [qui] porte, il est vrai, davantage la marque de ce dernier que du réalisateur." (B. Tavernier et J.-P. Coursodon, 50 ans de cinéma américain, Paris, Omnibus, 1995, p. 321)

>> PHOTOS DU FILM


>> PHOTOS D'EXPLOITATION

1 commentaire:

Fabrice a dit…

Une très belle comédie de... Borzage. Lubitsch a dirigé Marlene dans le moins réussi "Angel". Ce n'est pas juste de l'attribuer à Lubitsch parce que c'est une réussite. Borzage est l'auteur de films magnifiques, en particulier au temps du muet.