lundi 2 janvier 2012

Gary Cooper, sa présence, son jeu ... vu par King Vidor

"Gary avait eu un grand succès dans des westerns muets et, avec le parlant, il éprouvait des difficultés d'élocution. Quand je l'entendis marmonner son rôle dans Soir de noces, je me suis demandé comment on pourrait lui conserver son succès. Il ne pouvait jamais jouer toute une scène sans oublier quelques mots. Et tout naturellement, je pensais qu'il fallait faire quelque chose pour améliorer la diction et la mémoire de mon ami. Mais Cooper était Cooper ; aucune insinuation de ma part ne put amener le moindre changement.

Imaginez donc ma stupéfaction, en visionnant sur l'écran notre travail du premier jour, quand j'ai vu et entendu une prestation qui débordait de charme et de personnalité. Ce fut pour moi une leçon inoubliable. Je réalisai que la caméra et le micro sont des instruments tellement sensibles qu'il n'est pas nécessaire de trop en faire. Au contraire, ils pénètrent presque à l'intérieur de l'acteur et révèlent ce qui existe réellement en lui. Dans le cas de Cooper, une personnalité très complexe et véritablement fascinante apparaissait sur l'écran de la salle de projection. Mais il ne faut pas s'y tromper : ce pouvoir psychanalytique de la caméra peut être aussi bénéfique que nuisible. Dans le cas de Cooper, ce fut la célébrité." (King Vidor, La grande parade, Paris, Ramsay Poche Cinéma, 1986, p. 160-161)

King Vidor dirige Gary Cooper et Anna Sten dans Soir de Noces (1935).

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